Suspension de la réforme des retraites : quel âge de départ pour vous ?

Un coup d’arrêt inattendu

La Réforme des retraites 2023 — portée par le gouvernement de Élisabeth Borne — prévoyait d’augmenter progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, ainsi que la durée de cotisation requise.
Mais le 12 novembre 2025, l’Assemblée nationale a voté la suspension de cette réforme. Ce « gel » ouvre une fenêtre importante pour certaines générations de futurs retraités.

Qui est concerné ?

  • Si vous êtes né avant 1964, vous ne bénéficiez pas du gel : les règles antérieures à la réforme de 2023 restent applicables.
  • Si vous êtes né entre 1964 et 1968, vous faites partie des « générations charnières » : vous bénéficiez d’un assouplissement engendré par la suspension.
  • Si vous êtes né à partir de 1969, pour l’instant la remise à plat n’a pas d’effet sur votre âge légal de départ : il reste fixé à 64 ans (et la durée de cotisation à 172 trimestres) sauf nouvelle réforme.

Quels changements exacts ?

Année de naissanceÂge légal de départDurée de cotisationCommentaire
196462 ans et 9 mois170 trimestresGain : départ plus tôt que prévu dans la réforme 2023.
1965 (T1)62 ans et 9 mois170 trimestresMême situation que 1964, avantage maximal.
1965 (T2–T4)63 ans171 trimestresGain d’environ 2 trimestres par rapport à la réforme 2023.
196663 ans et 3 mois172 trimestresÂge relevé mais moins que dans la réforme 2023.
196763 ans et 6 mois172 trimestresRetour à un calendrier plus favorable.
196863 ans et 9 mois172 trimestresDernière génération bénéficiant du “gel”.
À partir de 196964 ans172 trimestresPas d’effet de la suspension à ce stade.

Pour vous aider à y voir clair :

  • Pour une personne née en 1964 : au lieu de partir à 63 ans et 171 trimestres (selon la réforme prévue), l’âge légal devient 62 ans et 9 mois, avec 170 trimestres.
  • Pour une personne née au 1er trimestre 1965 : même conditions que la génération 1964 : 62 ans et 9 mois, 170 trimestres. Vous gagnez deux trimestres sur l’âge légal et la durée de cotisation par rapport au texte initial.
  • Pour une personne née d’avril 1965 à fin 1968 :

    > Âge légal de départ selon votre année : 63 ans (1965 sauf 1er trimestre), 63 ans et 3 mois (1966), 63 ans et 6 mois (1967), 63 ans et 9 mois (1968).

    > Durée de cotisation : 171 trimestres pour les nés entre avril et décembre 1965, puis 172 trimestres pour les générations suivantes.

Et les dispositifs spécifiques ?

  • Les dispositifs de départ anticipé (carrières longues, catégories actives, pénibilité, etc.) sont maintenus et, dans certains cas, bénéficient aussi d’un gain d’un trimestre supplémentaire en âge de départ à partir du 1er septembre 2026.
  • Important : ce « gain » lié à la suspension est temporaire, et dépendra des textes définitifs et de la mise à jour des systèmes d’information des caisses de retraite.

Ce qu’il ne faut pas oublier

  • Le retour aux textes antérieurs à la réforme de 2023 pour certaines générations ne signifie pas que tout est figé : le contexte politique et législatif reste incertain.
  • Même si l’âge légal est ajusté, la durée de cotisation, les bonifications (enfants, service militaire, etc.), et la qualité des carrières (périodes d’interruption, temps partiel…) continuent de jouer un rôle.
  • Il est indispensable de vérifier votre relevé de carrière, de faire une simulation personnalisée et, si besoin, de prendre rendez-vous avec un de nos conseillers retraite.

Ce que cela signifie pour une entreprise et un salarié

Pour l’entreprise

  • Cette suspension peut impacter les projections de départ à la retraite des collaborateurs : certaines générations pourront partir un peu plus tôt que prévu, ce qui peut affecter les flux de départs, le remplacement, la gestion des effectifs.
  • Il est donc pertinent de mettre à jour vos modèles de planification des départs, en tenant compte des “générations 1964-1968” comme potentiellement plus tôt que les précédentes.
  • Pour les fonctions « actives » ou les métiers exposés à la pénibilité, l’impact peut être légèrement favorable/différent (gain d’un trimestre). Cela doit être intégré dans les scénarios RH.

Pour le salarié

  • Si vous êtes concerné (né entre 1964 et 1968), cette suspension est potentiellement une bonne nouvelle : vous pouvez envisager un départ plus tôt que ce qui avait été prévu.
  • Mais attention : “plus tôt” ne veut pas dire “partir sans conditions” : les trimestres cotisés, les bonifications et les dispositifs particuliers restent déterminants.
  • Il est recommandé de recalculer votre date “optimale” de départ, en vous posant les bonnes questions : « Ai-je tous mes trimestres ? », « Puis-je bénéficier d’un dispositif anticipé ? », « Quel impact sur ma pension ? ».
  • Enfin, même si vous bénéficiez de cet avantage, cela ne empêche pas une future réforme qui pourrait affecter votre situation : restez informé et actif dans votre accompagnement.

Notre conseil pour bien anticiper

  1. Consultez votre relevé de carrière sur le portail officiel (ex. CNAV) et faites une simulation de départ à la retraite.
  2. Repérez votre génération (année et trimestre de naissance), car c’est déterminant dans ce nouveau cadre.
  3. Pour les salariés « actifs / pénibilité / carrières longues », vérifiez aussi les : dispositifs de départ anticipé, bonifications, trimestres supplémentaires liés à la suspension.
  4. En tant qu’entreprise, mettez à jour votre plan de gestion des âges et des départs : cela peut avoir un effet sur vos scénarios 3 à 5 ans d’avance.
  5. Restez attentif à l’évolution législative : une suspension n’est pas une abrogation, et de nouvelles modifications pourraient intervenir d’ici 2027.

À retenir

  • Une réforme majeure a été suspendue par le Parlement fin 2025.
  • Les générations 1964-1968 sont les grandes bénéficiaires de ce gel.
  • Pour les salariés nés avant 1964 ou après 1969, peu de changement immédiat.
  • Chaque situation est individuelle : l’âge légal, le nombre de trimestres, les bonifications + les dispositifs spécifiques comptent tous.
  • Préparation, simulation et anticipation restent les maîtres-mots pour bien réussir son départ à la retraite.

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